Références

  • Titre : « Le saint sabreur : Iizasa Chōisai Ienao »
  • Titre original : « Kensei īzasa chōisai Ienao-Kō / 剣聖・飯篠長威齊家直公 »
  • Auteur : Otake Risuke
  • Ouvrage : Sahara Omigawa no Shōwa-shi: Shashin-shū (佐原・小見川の昭和史 : 写真集) dirigé par Andō Misao (安藤操), 1994.
  • Traduction : Katori-ressources

Catégorie : Article d’Otake Risuke

Note : il s’agit d’une version plus courte d’un article publié en 1981 dans la revue Chiba Kyōiku (千葉教育) no. 288. On trouvera cet article en japonais en suivant ce lien : « Kensei Iizasa Chōisai Ienao kō / 剣聖 飯篠長威斉家直公 ».

Le saint sabreur Izasa chōisai Ienao

À l’origine des arts martiaux japonais se trouve l’école Tenshin shōden Katori shintō dont le fondateur est sire Iizasa Iga-no-kami Ienao. Ce dernier est née dans le village d’Iizasa de la province de Shimōsa (actuel village de Takomachi, canton de Katori) en l’an 4 de l’ère Genchū (1387). Il était extrêmement doué dans l’art du sabre et de la lance. Sa réputation attira l’attention de la famille des Chiba, seigneurs de la province. Cependant, des guerres éclatèrent et la famille de Chiba fut déchue.

À l’époque, l’un des serviteurs d’Ienao lava son cheval avec de l’eau puisée dans un puits situé au sud du temple de Katori, le cheval fut pris de convulsions et il mourut. Ienao considéra qu’il s’agissait d’une intervention du dieu Futsu-nushi-no-kami. Dès lors, il licencia ses serviteurs, fit don de 1000 koku de riz au temple de Katori et fit construire le temple Shintokusan Shinpuku à Ōtsuki-Miyamoto à qui il donna également 1000 koku de riz. Puis il se retira sur le mont Umeki proche de l’Okumiya dans l’enceinte du temple de Katori. Il entreprit alors une ascèse de mille jours et mille nuits dédiée au dieu de Katori composée d’exercices de purification (saikai mokuyoku) et d’entraînements intensifs. Chaque nuit, vers minuit, il récitait des prières devant le dieu et il souhaitait la paix dans le monde. À l’heure du Tigre (= 4 heures), il récitait des prières à Bishamon dans le temple de Bishamon. Il faisait énormément d’effort dans son entraînement. On raconte que sous un prunier, le dieu de Katori lui fit transmettre un rouleau intitulé le “Traité divin de la stratégie guerrière” (Heihō shinshō) et lui aurait fait délivrer le message suivant : “Tu deviendras le maître des sabreurs de l’Empire”. Comme son art était une transmission directe du dieu Futsu-nushi-no-kami, il l’appela Tenshin shōden (“vérité divine correctement transmise”) et il nomma son école Katori shintō.

Il existe un enseignement qui se transmet au sein de la famille Iizasa de génération en génération : “le fils ainé de la famille ne se met jamais au service d’un seigneur d’aucune province même contre un bon salaire”. Actuellement, le sōke de la 20e génération est Iizasa Yasusada.

Des combattants célèbres ont étudié dans cette école : Kami-izumi Ise-no-kami Nobutsuna, fondateur de l’école Shinkage, Tsukahara Tosa-no-kami de Kashima, Bokuden, Matsumoto Bizen-no-kami Masanobu, Morōka Ippasai, etc. On trouve également Takenaka Hanbei Shigeharu, le célèbre stratège de Hideyoshi et Katakura Kojūrō Muranori, seigneur du château de Shiroishi, ainsi que des nobles de cour de Sendai dans les provinces du Nord. Parmi les vassaux directs du bakufu, on trouve Nakadai Shintarō. Enfin, on compte bien d’autres instructeurs répartis dans de nombreux fiefs.

Cette école enseigne des techniques de kenjutsu, iaijutsu, bōjutsu, yarijutsu, naginatajutsu, jūjutsu, shurikenjutsu, ninjutsu, chikujōjutsu (art de la construction des forteresses), tenmon (astronomie), chiri (topographie), fūsui (étude des vents et des eaux), in-yō kigaku (pratiques ésotériques fondées sur le yin et le yang), etc. Il s’agit donc d’un apprentissage militaire complet et c’est pourquoi l’école occupe une très haute place dans les arts martiaux japonais. Il existe des enseignements secrets tels que “Fudōchi-shinmyō-ken” (不動智神妙剣 / Puissance divine et merveilleuse du sabre) et “Tsubame-gaeshi” (ツバメ返し / imiter les mouvements d’une hirondelle). Encore aujourd’hui on exige la règle stricte du keppan lors de l’entrée dans l’école. Les techniques de l’école de shintō ont été transmises sur une longue durée de plus de 600 ans. Pour la première fois dans les arts martiaux du Japon, cette école fut désignée en tant que “bien culturel immatériel”.

Sire Ienao est décédé à 102 ans, le 15 avril de l’an 2 de l’ère de Chōkyō (1488). Il reçut le nom posthume de Taiganinden-Taira-no-Ason-Iga-no-kami-Raiodō-hondai-Koji. Avant son décès, sire Ienao était retourné dans son village natal à Iizasa en avril de l’an 1 de l’ère de Chōkyō et il a fait construire le temple de Nyoizan Jifukuji en août de la même année.

L’aboutissement de l’enseignement profond de l’art militaire japonais est “omote-ura, in-yō, tangible-intangible sont un” et se retrouve également dans l’enseignement du Mikkyō. Ainsi, par un entraînement intensif, le pratiquant atteint l’éveil grâce à la notion de katsujin-enken (le sabre qui donne la vie et fait grandir) ce qui lui permet de se réaliser pleinement. Sire Ienao enseigne : “celui qui domine son ennemi sans le détruire est supérieur à celui qui le terrasse et l’anéantit”. Cette règle de paix (heihō) du fondateur est encore valable à notre époque, c’est un grand enseignement et une voie éternelle.

Moi je suis entré dans l’école de Shintō à l’âge de 16, en automne de l’ère Shōwa 17 (1942), sous la direction de maître Hayashi Yazaemon. Une moitié de siècle est passée et la génération actuelle suit tellement la nouveauté qu’elle est en train de perdre les bonnes vieilles choses à toute vitesse. Nous voulons continuer à inscrire ces bonnes choses dans le quotidien, et ce même si elles sont spirituellement anciennes. Depuis l’ancien temps, le bujutsu japonais marchait avec l’histoire en tant que culture des familles de soldats. J’aimerai consacrer toute ma vie, même avec mes faibles capacités, pour conserver cette culture raffinée et précieuse de la tradition japonaise.

“Après avoir traversé 600 printemps,
Aujourd’hui encore,
On sent le vent du sabre dans la forêt de Katori”

(Poème d’Otake Risuke lors de la commémoration des 600 ans d’Iizasa Chōisai Ienao, mai de l’ère Shōwa 62).

Kenjutsu : frappe au cou dans la série Shichijō. M. Otake Risuke (droite) et M. Koyamada Fumiyo (gauche) en 1987.
Figure 1. Kenjutsu : frappe au cou dans la série Shichijō. M. Otake Risuke (droite) et M. Koyamada Fumiyo (gauche) en 1987.
Entraînement au kodachi avec Donn Draeger en 1974.
Figure 2. Entraînement au kodachi avec Donn Draeger en 1974.
M. Otake en train de regarder une étude des directions (1987).
Figure 3. M. Otake en train de regarder une étude des directions (1987).
Iaijutsu dans le dōjō du sōke de Katori en 1977.
Figure 4. Iaijutsu dans le dōjō du sōke de Katori en 1977.

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