Références

  • Titre : « Par des entraînements répétés, on éloigne le combat »
  • Titre original : « Keiko ni keiko o kasaneru kekka, arasoi kara hanareru / 稽古に稽古を重ねる結果、争いから離れる»
  • Auteur : Satō Yoshimichi (佐藤嘉道)
  • Ouvrage : Kokoro ni hibiku kotonoha (心に響く言の葉), Kitensha publication (気天舎), Tokyo, 2006, p.77-82
  • Traduction : Katori-ressources

Catégorie : Récit de rencontre avec Otake Risuke

Notes : Satō Yoshimichi est un élève de Sawai Kenichi (1903-1988), le fondateur du Taikiken, art martial japonais inspiré du Yi Quan chinois. Dans cet ouvrage, maître Satō raconte les principales rencontres qui marquèrent sa vie en tant que budoka mais aussi en tant qu’homme. Il revient ainsi sur les personnalités qu’il a croisées : des religieux, des calligraphes, des artistes, des hommes d’affaires et des maîtres en arts martiaux. Parmi ces derniers se trouve Otake Risuke, le maître instructeur de la Tenshin shoden Katori shinto ryu, rencontré en 1988.

Par des entraînements répétés, on éloigne le combat

Maître Otake vit dans la région de Katori, près de la ville de Narita, dans la préfecture de Chiba. J’ai visité son lieu d’entraînement, le shinbukan, avec Jan Kallenbach. C’est Jan qui me l’a proposé, je n’avais pas d’informations à ce sujet. Malgré notre visite impromptue, le maître nous a donné un enseignement d’une manière très décontractée sur le sens des arts martiaux (bugei / 武芸). À un moment, il s’est levé, il a pris un katana qui se trouvait dans une chambre à côté, Il l’a inséré dans la ceinture de son pantalon et il nous a montré des katas de dégainage du sabre (Battō / 抜刀). C’était tellement rapide, j’en avais le souffle coupé. La pointe du sabre passait juste sous le linteau – dégageant une lumière aiguë – puis s’abattait vers le bas très rapidement. En un seul mouvement de corps le sabre était déjà rangé, mais l’énergie était toujours-là, prête à faire rejaillir le sabre à n’importe quel moment. Il y avait une très forte tension. Le moindre petit détail dans les mouvements est exécuté avec une telle énergie que ce n’est pas possible d’y voir une faille. Le mouvement de dégainer le sabre depuis une position basse n’est pas le même qu’en iai (居合) :

“Je garde une posture basse car je suppose un combat dans la maison. Si je brandis le sabre partout, je peux toucher le linteau (kamoi /鴨居), les portes coulissantes (shōji / 障子), les cadres coulissants (sajiki/ 桟) et mon sabre peut rester coincer dans ces éléments en bois, c’est pourquoi mes coupes partent d’une position basse”.

C’est très difficile d’effectuer les katas de manière si naturelle. Mais pour des personnes comme maître Otake, c’est tout à fait normal. Il dit également :

“Le sabre est la prolongation du corps et si l’on s’entraîne beaucoup, au bout d’un moment, le sabre devient comme une partie du corps. Si l’on continue encore la pratique alors on éloigne le combat et on atteint l’état de l’âme (kyōchi / 境地) où l’on n’a plus besoin de couper les autres”.

Ce soir-là, moi aussi, j’ai pris mon sabre et j’ai pratiqué, mais je n’ai pas pu l’imiter. J’ai essayé plusieurs fois, mais je n’y suis pas arrivé, pas une seule fois. J’ai fini la journée tout simplement impressionné. La vie quotidienne se déroule d’une manière monotone. De temps en temps, on a besoin d’impacts très forts à travers des livres par exemple, mais c’est surtout l’influence que l’on reçoit des gens que l’on rencontre qui est très forte. Si cette influence s’accompagne d’un vrai sentiment, alors ça devient un cadeau qui ne peut être remplacé et qui encourage l’entraînement. La rencontre avec Maître Otake était un moment comme cela.

Fig.1. Devant le dojo d'Otake Risuke (1988)
Fig.1. Devant le dojo d’Otake Risuke (1988)
Fig. 2. Maître Otake lors de la commémoration du 375e anniversaire du commerce entre le Japon et les Pays-Bas à Rotterdam.
Fig. 2. Maître Otake lors de la commémoration du 375e anniversaire du commerce entre le Japon et les Pays-Bas à Rotterdam.
Fig. 3. Maître Otake en armure (à droite) et Jan Kallenbach chargé de tenir le drapeau.
Fig. 3. Maître Otake en armure (à droite) et Jan Kallenbach chargé de tenir le drapeau.
Fig. 4. Maître Otake en posture assise pour sortir le sabre
Fig. 4. Maître Otake en posture assise pour sortir le sabre

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