Références

  • Titre : « Un système de transmission soutenu par la piété filiale »
  • Titre original : « Kō ga sasaeta denshō no tsusutemu / “孝” が支えた伝承のツステム »
  • Revue : Gekkan Hiden (月刊 秘伝) n°182, 11/2003.
  • Traduction : Katori-ressources

Catégorie : Récit de rencontre avec Otake Risuke

Un système de transmission soutenu par la piété filiale

Comprendre l’histoire contemporaine de l’école Tenshin shōden Katori Shintō qui est la plus ancienne école de kenjutsu héritée de l’époque lointaine de Muromachi.

Auteur : l’équipe de rédaction de Hiden.

L’école de Shintō de l’”après-guerre”

Dans le Japon d’après-guerre, la valeur des bujutsu anciens n’était plus reconnue formellement. Aujourd’hui aussi, la conscience des Japonais est encore à l’Après-guerre. Dans le futur aussi, on ne peut pas espérer. L’épisode qui suit se déroule quand l’école Katori shintō est devenue “Bien immatériel” de la préfecture de Chiba en showa 35 [= 1960].

À l’époque, le système de transmission de l’école Katori shintō avait créé deux écoles : la première était restée à Katori et était dirigée par maître Hayashi Yazaemon. La deuxième était dirigée par maître Shiina Ichizo qui tentait de transmettre l’enseignement à Tokyo (le premier transmit son enseignement à maître Otake Risuke et le second transmis son enseignement à Sugino Yoshio qui le transmit à Sugino Yukihiro). Ce choix est l’aboutissement d’une longue réflexion dans le but de restituer le bujutsu ancien”.

Au sein de la première école, maître Hayashi Yazaemon essaya de construire les bases sur le site de Katori et il fixa comme objectif primordial de faire reconnaître l’école de Katori shintō en tant “bien immatériel” de la préfecture de Chiba.

Cependant, les préjugés contre les bujutsu anciens étaient beaucoup plus forts que de nos jours : ‘C’est quoi l’école de Katori shintō ?’, ‘C’est quoi le bujutsu ancien ?’, ‘C’est plus fort que le Kendō ?’, ‘Alors, on va faire un duel’. Telles furent les réponses de la préfecture”.

Pour choisir la personne qui devait affronter le jeune athlète 5e dan de Kendō, on considéra l’âge, la capacité et l’expérience des élèves de l’école de Shintō et naturellement, Otake Risuke fut choisi. Pour l’école de Katori shintō qui interdit formellement les duels contre les autres écoles, il s’agissait de la première fois en 600 ans.

La première chose qui me vint en tête, c’était un grand problème ! Si je perdais, je perdais la face par rapport à tous les maîtres précédents depuis le fondateur. Alors je devrais faire le seppuku. Tel était mon sentiment”.

Si perdre équivaut à se faire seppuku, cela signifie, si on l’interprète à l’envers, qu’il ne devait absolument pas perdre.

J’ai réfléchi à toutes sortes de stratégies. Premièrement, j’ai considéré qu’il était bon que mon adversaire porte l’armure. Cependant, j’ai pensé que c’était mieux pour moi de ne pas porter d’armure. En ce qui concerne le sabre de bois, j’ai pensé que ça sera mieux d’utiliser quelque chose de court et de léger. Alors une connaissance a fabriqué le sabre de bois que j’ai demandé. Chaque soir je m’entraînais à attaquer contre un arbre”.

Finalement, ce duel n’a pas eu lieu grâce à l’intervention subtile de maître Hayashi Yazaemon. M. Hayashi était bien connu parmi les fonctionnaires de la préfecture de Chiba et il s’est adressé ainsi à eux : “Notre jeune étudiant s’entraîne chaque soir avec un sabre en bois en pensant à vivre ou à mourir. Peut-être que l’un des deux va être très gravement blessé. Êtes-vous prêts à accepter un tel risque ?”. Tout de suite après cet évènement, l’école Tenshin Shōden Katori est devenue “Bien immatériel” pour la première fois en Japon pour une école de bujutsu.

Sabre en bois de maître Otake utilisé lors de l'épisode raconté ci-contre.
Sabre en bois de maître Otake utilisé lors de l’épisode raconté ci-contre.

Le bujutsu ancien est “piété filiale”

À ce propos, j’aimerai parler un peu de maître Hayashi Yazaemon Iekiyo de l’école Katori shintō qui est intervenu lors de l’évènement précédemment évoqué. Premièrement, maître Hayashi apprit l’école de Shintō auprès de maître Hayashi Sakuichirō. Par la suite, il embrassa une carrière de comptable à Tokyo. C’était avant la guerre. Grâce à son caractère travailleur, il gagna la confiance de sa société et obtint une promotion. Cependant, il sentait comme une sorte de manque d’harmonie alors il décida de retourner à Katori où il travailla dans l’agriculture et se consacra à l’entraînement de l’école Katori shintō. C’était un engagement très sévère : après son travail, il prenait son vélo et parcourait plusieurs heures de trajet. Après son entraînement, il effectuait le trajet inverse. M. Otake évoque ainsi M. Hayashi Yazaemon :

Il avait un caractère très doux. Il était aimé de ses élèves, car comme il avait connu beaucoup de difficultés, il connaissait la peine des autres personnes”.

Pendant la période difficile de l’après-guerre, la personne qui a soutenu l’école de Katori shintō était le sōke à la 20e génération, Iizasa Shūri-no-suke Yasusada. Dans l’école de Katori shintō, le sōke est l’héritier de la famille Iizasa. Et encore de nos jours, il habite à côté du temple de Katori et gère le Hombu dōjō qui est vieux de 300 ans.

En fin de compte, l’école de Katori shintō est encore en active maintenant grâce aux efforts de nombreux anciens et au sōke actuel. Je suis vraiment heureux d’avoir rencontré l’école Katori shintō. Cet esprit de piété filiale m’a toujours soutenu. Les personnes qui ont contribué à transmettre l’école de Shintō sont innombrables, je sens cette responsabilité sur moi, mais sentir cette obligation a été un honneur toute ma vie. J’ai rencontré l’école Shintō et j’ai pu vivre avec cette école, c’est la fierté de ma vie. Moi aussi ce que je souhaite maintenant à tous les Japonais est qu’ils puissent donner toutes leurs forces pour quelque chose et de mener une vie avec fierté et sans regret”.

Si l’on dit que le bujutsu ancien est “un grand pilier” qui est à la base de la culture japonaise, alors vous, qu’en pensez-vous ?

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